Un petit tour en enfer
Il y a la gorge nouée, la boule au ventre et l'envie de pleurer en partant aux urgences.
Il y a le soulagement en apprenant que ce n'est pas une bronchiolite comme LittlePirate (hospitalisé 3 jours à l'âge de 6 semaines). Puis la peur qui submerge tout quand on nous annonce que c'est une infection et qu'on nous parle de méningite ou de pyelonéphrite.
Il y a l'attente si longue, si longue qu'elle en devient inquiétante et insoutenable, quand on nous fait sortir pour lui faire une ponction lombaire (nous apprendrons plus tard qu'ils n'ont pas réussi à prélever).
Il y a le soulagement à l'annonce de l'analyse d'urines positive et les questions qui resteront un temps sans réponse sur le diagnostic et la durée d'hospitalisation.
Il y a les pleurs de LittlePirate et SweetPrincess parce qu'en pédiatrie ils n'ont pas le droit de voir leur sœur, et la séparation. La solitude aussi car MonsieurChéri ne peut passer que quelques heures quand les enfants sont au club (eh oui, blague, nous sommes toujours sur notre lieu de vacances).
Il y a les bruits constants. Les bip-bip des machines aussi rassurants qu'effrayants. Le balai des infirmières et le relais des 3 équipes matin/après-midi/nuit. Les pleurs des bébés seuls la nuit. Les cris d'hystérie d'une ado un soir mémorable.
Il y a les petits rituels qu'on s'invente parce que c'est nécessaire de se créer sa bulle. Cet endroit me pèse tellement que je finirai presque par le haïr (ce que je n'avais pas ressenti pour l'hospitalisation de LittlePirate où j'avais été plus préservée).
Il y a elle et moi, moi et elle, à nouveau totalement fusionnelles. Ce sentiment d'être revenue à la maternité mais en version un peu pourrie. Pas de lit pour maman dans la chambre, de salle de bain, d'intimité. Il y aurait beaucoup à faire pour les parents des enfants hospitalisés... L'hôpital propose bien des lits pour les parents, mais dans un autre bâtiment et je veux rester avec ma toute petite (j'aurai parfois un peu l'impression que ça les emmerde). Je dormirai donc sur un fauteuil.
Il y a la maison des parents où on peut prendre un vrai repas et faire une petite pause mais qui me rend triste quand j'entends ce papa dire qu'il est "là pour un moment" et que j'imagine ce que peuvent traverser certaines de ces familles que je croise. Parce qu'à l'étage au dessus de la pédiatrie, il y a l'oncologie... Ça fait sacrément relativiser...
Il y a le personnel médical qui est dans l'ensemble super, même si les infirmières font souvent des réponses de normand à mes questions trop précises et si la plupart des docteurs ont l'air d'avoir 12 ans (ou alors c'est que je me fais très vieille).
Il y a cette putain de fièvre qui s'obstine à remonter, repoussant notre sortie d'autant. Le temps est comme suspendu, on voudrait juste pouvoir reprendre le cours de notre vie normale.
Il y a son sourire perdu 24h qui m'a fait monter les larmes aux yeux quand il est revenu.
Il y a cette dernière journée où je sens qu'elle aussi n'en peux plus d'être ici et s'ennuie.
Et, enfin, le bout du tunnel !
Un immense merci pour vos petits mots sur Facebook, MP, SMS (y compris de Montréal), appels (même de Corse !), attentions qui m'ont fait me sentir vraiment chanceuse d'être si bien entourée. Un merci tout particulier à Muriel pour les renseignements pris, aux Audrey pour leur présence constante, à Marianne pour le déjeuner qui m'a offert une pause plus que bienvenue et à la team, bien sûr, qui a tout suivi au jour le jour. C'est si précieux tout ça. Et j'envoie toutes les bonnes ondes et pensées de la terre à la presque jumelle de TinyFairy dont l'histoire m'a beaucoup touchée et que je n'oublierai pas.
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